Remembrement

Entre les années 1950 et 1980, le remembrement fait disparaître une grande partie du bocage de l’Hexagone sous les lames des bulldozers. Le but de l’opération est de supprimer les haies pour installer l’agriculture intensive et motorisée dans les campagnes. Avec ces paysages, c’est toute une société rurale et un certain rapport à la terre qui s’effondrent. Les résistances furent nombreuses dans le monde paysan, la société civile et les artistes.

Chanté par le groupe Tradart en 1982. Musique collectée dans le Perche, issue d’un répertoire de musiques à danser largement répandu dans les campagnes au début du siècle dernier.


J’étais un pays humble et beau, j’étais une terre nourricière
J’étais un pays humble et beau, des Perch’rons j’étais le berceau
J’n’étais pas un pays facile, il fallait vouloir travailler
Mais on était récompensé, et comme le cidre désaltérait !

C’est la faute au remembrement si l’eau disparaît des fontaines
C’est la faute au remembrement si plus rien n’arrête le vent

En été dans les chemins creux, s’enlaçaient les amoureux
Les rossignols des alentours, leur sifflaient des chansons d’amour
Avec les branches de sureau, les enfants faisaient des flûtiaux
Existe-t-il un seul ruisseau, qui-n’ait-pas-fait-tourner d’moulin à eau

C’est la faute au remembrement si l’eau disparaît des fontaines
C’est la faute au remembrement si plus rien n’arrête le vent

Les techniciens sont arrivés, les techniciens ont ordonné
Aux paysans manipulés, toutes les haies ont arrachées
Tout’s les collines ils ont rognées, toutes les mares ils ont bouchées
Les vert’s prairies ils ont drainées, l’Europe vert’ m’a torturé

C’est la faute au remembrement si l’eau disparaît des fontaines
C’est la faute au remembrement si plus rien n’arrête le vent

La terre d’ici c’est ma peau, les haies la tenaient fermement
Elle s’envol’ra avec le vent, elle se dissipera dans l’eau
Et quand l’herb’ aura disparu, de quoi vivront les troupeaux ?
Craies et roches apparaîtront, comme des os qu’on met à nu

C’est la faute au remembrement si l’eau disparaît des fontaines
C’est la faute au remembrement si plus rien n’arrête le vent

Les braves gens que j’ai nourris, sous la contrainte m’ont trahi
Aujourd’hui ils me mortifient, à caus’ de l’Europ’ du profit
Mais un jour les fleurs repouss’ront, toutes les haies ils replant’ront
Et les pommiers refleuriront, ça s’appell’ra l’pays perch’ron

C’est la faute au remembrement si l’eau disparaît des fontaines
C’est la faute au remembrement si plus rien n’arrête le vent

Mais gare à vous, gens de Paris, car toute gloire est éphémère
Et le pouvoir ne dure guère, les gens d’ici l’ont bien compris
Et alors à l’abri du vent, le Perch’, les Percherons en liesse
Connaîtront l’éternell’ jeunesse, et vivront mille et mille printemps

C’est la faute au GOUVERNEMENT si l’eau disparaît des fontaines
C’est la faute au GOUVERNEMENT si plus rien n’arrête le vent



ENREGISTREMENTS


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